Le Filmographe

Hommage au film analogique à la Tate Modern


L'immense hall de la Tate Modern projette jusqu'en mars "FILM", un poème filmé de l'artiste britannique Tacita Dean, qui lance à cette occasion un vibrant plaidoyer en faveur du film sur pellicule, en voie de disparition avec l'avènement du numérique.

Le spectateur, plongé dans la pénombre comme dans une salle de cinéma, contemple un long ruban de pellicule vertical (les perforations du film sont visibles sur les côtés), où défilent pendant 11 minutes les images les plus variées. Un soleil éclatant, un escargot, une cheminée d'usine, la mer, des collages à la Mondrian, des couleurs crues, un oeil se succèdent à l'écran, tel un patchwork d'images, recréant l'inventivité du 7e art depuis ses débuts.

Certains images ont été colorisées à la main, d'autres semblent des images numériques, tant elles sont "flashy". "Nous avons créé ce medium magnifique, et nous allons maintenant le perdre", a regretté l'artiste anglaise Tacita Dean, née en 1965, qui travaille aujourd'hui à Berlin. Et d'expliquer que la pellicule seule permet d'avoir "ce grain, cette impression de mouvement lorsqu'on s'approche de l'écran", parmi mille choses qui la différencient du numérique. Peu à peu, les laboratoires ferment, "c'est déjà presque fini pour le 16 mm" et le format 35 mm est lui aussi menacé, explique-t-elle. "Les musées seront peut-être les seuls à l'avenir à projeter encore des films", a reconnu le directeur de la Tate Modern Chris Dercon.

Le gigantesque hall des machines de la Tate Modern, une ancienne usine électrique, invite tous les ans un artiste à réaliser une oeuvre spectaculaire, tel le champ de graines de tournesol du Chinois Ai Weiwei l'an dernier. 26 millions de personnes ont vu les 11 expositions du grand hall depuis l'ouverture de la Tate Modern en 2000. Tacita Dean a réalisé près de 50 films, dont certains consacrés à d'autres artistes comme le peintre Cy Twombly ou le danseur Merce Cunningham.

Dans un livre accompagnant l'exposition, près de 80 artistes témoignent sur le cinéma et une "vraie" pellicule est offerte au lecteur. Pour Jean-Luc Godard, « le dit numérique » n'est pas un simple moyen technique, mais un moyen de pensée. Et lorsque les démocraties modernes font de la pensée technique un domaine séparé, ces démocraties modernes prédisposent au totalitarisme". "Aujourd'hui ses années sont comptées", reconnaît Steven Spielberg, "mais je resterai fidèle à l'art analogique jusqu'à la fermeture du dernier labo".


LONDRES (GB), 11 octobre 2011

 



11/10/2011
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