Le Filmographe

ALICUDI, de Gérard Courant au Festival de Marseille

 

Le 6ème festival MPRESSIONS VISUELLES ET SONORES de MARSEILLE présente le samedi 26 septembre 2009 à 20 heures 30 au POINT DE BASCULE 108, rue de Breteuil 3006 Marseille ALICUDI de GÉRARD COURANT « Avec pour inspiration JOURNAL INTIME, le film de NANNI MORETTI, GÉRARD COURANT fait le voyage jusqu'à l'île d'Alicudi, au large du Sud de l'Italie. Plus longtemps que dans d'autres lieux, l'île a su résister à la modernisation : la plupart des maisons n'ont ni téléphone, ni électricité, ni télévision. À première vue, on dirait bien un paradis perdu dans le temps mais, à y regarder de plus près, on découvre le côté sombre de l'île : la destruction, par exemple, de certaines formations géologiques afin de permettre l'électrification, ou la création de décharges d'ordures illégales. Le format Ciné Tract et ses restrictions techniques obligent COURANT à expliquer ce qu'il ne peut capturer sur la pellicule noir et blanc développée manuellement. Le commentaire en voix off, didactique, évoque les films éducatifs du passé tout en inscrivant la fonction du réalisateur comme traducteur du visuel. Mais ce choix de filmer en 16mm est, lui, loin d'être démodé : il reflète la façon dont l'île, pour son propre salut, refuse la modernité ». Gérard Courant est resté fidèle au 16 mm. C'est peut-être "vintage" pour certains, mais c'est comme la musique sur les vinyles, le rendu des images est incomparable. Numérique, je t'aime moi non plus !

OLIVIER PIERRE, Catalogue du festival International du Documentaire de Marseille, 2008 « Il y a souvent dans un film, un autre film en creux et dans ALICUDI c'est ce film en creux qui m'apparaît pourtant le plus nettement. À mon sens, ALICUDI n'est pas tout à fait un ciné-tract pour l'île mais tout autant (voire plus) un "Tract pour le Ciné" et plus précisément "pour le ciné à la façon de"... D'ailleurs, tu l'avoues ! Dans la liste des réalisateurs que tu cites, il me semble qu'un parallèle entre BUNUEL et TERRE SANS PAIN est aussi possible. C'est pour moi une évidence assez forte (évocation d'un lieu éloigné et ambivalent – c'est-à-dire porteur d'une certaine aura et d'une certaine horreur* –, distanciation du commentaire, prises de vues "reculées" que le choix du noir et blanc accentue). C'est comme s'il y avait un lien entre le mythe et son idéal et la façon d'en rendre compte par l'intermédiaire d'un cinéma reparti vers ses origines (noir et blanc, personnages filmés de loin) ». « La vérité des lieux se tenant surtout dans leur paradoxe (lieu venant du passé certes mais équilibré par son présent) fait que l'idéal du mythe ou de la chose ancienne - donc soi-disant pur peut parfois m'apparaître personnellement comme un leurre.

Pour moi c'est plutôt l'impur (ou mieux l'obscur) qui se tient dans le passé afin que nous le transformions en une chose mieux maîtrisée. Donc sur ce point, je ne souscris pas complètement au commentaire ! Reste que ce film est comme une tentative de retour aux sources (mythe du cinéma, mythe d'Alicudi), tentative qui dans le cinéma d'aujourd'hui est assez rare. Récemment je n'ai vu de semblable que le film d'ALBERT SERRA, LE CHANT DES OISEAUX ». « * Évidemment, dans ton film seul l'aura est souligné mais je suis persuadé qu'il y a (avait) aussi une certaine horreur sur Alicudi : consanguinité, repli, solitude...) ».

 

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Tout serait-il dit, amis cinéphiles ? Il faut sans doute courir voir ce film qui en dit long sur ce que nous étions, avant de basculer dans l'ère moderne, comme des dieux jetés nus des étoiles sur un astre inconnu... et sur ce qu'était le cinéma aux origines. ek



01/05/2011
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