Le Filmographe

La Fille du Puisatier, selon Daniel Auteuil : une autre Provence

La Fille du Puisatier revue par Daniel Auteuil, devant et derrière la caméra

 



Daniel Auteuil a fouillé dans ses souvenirs de jeunesse provençale pour sa première réalisation, une adaptation de "La Fille du Puisatier" de Marcel Pagnol, qui fait résonner à nouveau les dialogues truculents de l'auteur.
"J'avais envie de raconter ma Provence à moi", explique l'acteur, qui a conduit une vaste tournée d'avant-premières dans le sud de la France, au pays de Pagnol, avant la sortie nationale mercredi.
Durant le tournage, non loin des Baux-de-Provence, "je trouvais le vent magnifique, ça faisait souffler les cheveux et les herbes", se souvient-il, en reprenant un accent chantant qu'il a mis "des années à perdre".
"La Fille du Puisatier" - un film noir et blanc avec Raimu et Fernandel, réalisé par Marcel Pagnol - avait été tourné à l'été 1940 en pleine invasion allemande.
"Les images du film de Pagnol étaient avec nous. Mais c'est une adaptation. L'ambition est de donner à entendre des mots dits il y a 70 ans, mais avec le regard de quelqu'un du 21ème siècle", précise Daniel Auteuil.
"C'était dommage que des rôles si beaux, si forts, dorment au fond de cassettes noir et blanc. D'acteur en acteur, il faut se passer des grands rôles universels", insiste-t-il. C'est Jacqueline Pagnol, la veuve de l'écrivain-cinéaste, qui l'a contacté et convaincu. "Elle m'a dit maintenant tu as l'âge du rôle du puisatier"...
"Avant l'adaptation, il m'a fallu six mois de lectures et après j'ai osé m'attaquer à la restructuration du texte, en respectant l'esprit de Pagnol", précise-t-il.
Il y a 25 ans, son rôle de composition dans deux autres adaptations de Marcel Pagnol - "Jean de Florette" et "Manon des sources" (films signés Claude Berri) - avait propulsé sa carrière. "Je suis là aujourd'hui grâce à Berri et à Pagnol", confie-t-il.
Le tout nouveau réalisateur Daniel Auteuil n'a donc pas résisté à l'envie d'être aussi devant la caméra pour jouer le rôle du puisatier, un veuf qui élève seul ses six filles. "C'est un père qui ne sait pas dire je t'aime. C'est un ogre, un ours, mais il est plein d'amour", décrit-il.
Sa jolie fille aînée, Patricia, différente dans ce milieu rural car élevée à la ville chez les soeurs, s'éprend de Jacques, le fils d'un riche commerçant local, rencontré en coupant à travers champ pour porter le déjeuner à son père.
Lorsque la guerre éclate, celui-ci part au front comme aviateur, ignorant que Patricia attend un enfant de lui après une brève rencontre au clair de lune. La fille-mère de dix-huit ans sera un temps rejetée par son père et les parents de l'aviateur, avant un retournement de situation.
Pour jouer Patricia, le réalisateur a choisi la jeune Astrid Bergès-Frisbey, magnifique avec son regard "étonné et radieux". "Elle a l'innocence de parler comme une jeune fille élevée chez les bonnes soeurs, qui monte en moto et tombe enceinte en 5 minutes", résume-t-il.
Face à elle, le fils de bourgeois est incarné par Nicolas Duvauchelle, séducteur et inquiétant. Pour le reste de la distribution, Auteuil a choisi des "acteurs que les gens aiment et connaissent".
Kad Merad joue le gentil ouvrier du puisatier, amoureux de Patricia. Sabine Azéma et Jean-Pierre Darroussin campent les parents de l'aviateur, tour à tour comiques dans leur incarnation de la petite bourgeoisie de province et subitement émouvants lorsqu'ils pensent que leur fils ne reviendra pas de la guerre. Dans le rôle du nourrisson, le propre enfant de Daniel Auteuil.

 

NICE (FRA), 20 avril 2011 (AFP)



20/04/2011
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