Le Filmographe

Roman Polanski, complexe et surdoué

 

 

 

Le cinéaste franco-polonais Roman Polanski, qui a reçu le 25 février dernier le César 2011 du meilleur réalisateur pour "The Ghost Writer", est sans aucun doute un artiste complexe, séduisant et fragile, auteur d'une oeuvre non conformiste, à la vie tumultueuse et émaillée de drames.

Ce réalisateur surdoué, acteur, scénariste et producteur, âgé de 77 ans, a construit en une quarantaine de longs métrages une oeuvre souvent teintée de pessimisme, marquée par de grands films: "Cul de sac" (1966), "Le Bal des vampires" (1967), "Rosemary's Baby" (1968), "Chinatown" (1974), "Le locataire" (1976), "Tess" (1979) ou "Le pianiste" (2002).

Né en 1933 à Paris de parents juifs polonais qui rentrent en Pologne deux ans avant le début du conflit mondial, Polanski est marqué par son enfance derrière les barbelés du ghetto de Cracovie. Ses parents sont envoyés en camp de concentration, d'où sa mère ne revient pas.

Seul dès l'âge de huit ans, il survit dans les bois avec d'autres enfants, avant d'être recueilli par des paysans et de frôler la mort lors de la chute d'un obus.

Il en tirera de cette expérience son film le plus personnel, palme d'or au Festival de Cannes en 2002, "Le Pianiste", où Adrien Brody campe un survivant du ghetto de Varsovie.

Diplômé de l'institut du cinéma de Lodz (Pologne) en 1959, sa carrière commence en 1962 avec le thriller psychologique "Le couteau dans l'eau".

Le succès de "Répulsion", où Catherine Deneuve campe une meurtrière démente, lui ouvre les portes d'Hollywood. L'aventure américaine dure 10 ans, semée de bonheurs - mariage avec l'actrice Sharon Tate, succès internationaux - et de cauchemars: l'assassinat monstrueux de son épouse, enceinte de huit mois, en 1969 par des satanistes disciples de Charles Manson.


Huit ans plus tard, Polanski se retrouve enfermé dans la prison où avaient été détenus les assassins de sa femme. Il est accusé d'avoir eu des relations sexuelles avec une mineure de 13 ans, Samantha Geimer, pendant une séance de photos. Elle témoignera plus tard avoir été sous l'emprise de drogue et d'alcool. Le cinéaste avancera qu'elle semblait plus âgée.

Libéré après quelques semaines, mais menacé de retourner sous les verrous, Polanski fuit les Etats-Unis. Lorsque "Le Pianiste" remporte trois Oscars en 2003, il ne peut se rendre à Hollywood recevoir les trophées.

Le réalisateur est rattrapé par cette affaire le 26 septembre 2009. Arrêté à son arrivée à Zurich à la demande des autorités américaines, il est assigné à résidence avec bracelet électronique dans son chalet de Gstaad (Alpes suisses) en décembre. Le réalisateur ne retrouve sa liberté de mouvement qu'en juillet 2010 après le rejet par la Suisse de la demande d'extradition des Etats-Unis.

Plus tard, il confiera à un journaliste son attirance pour les "fruits verts". "J'aime les très jeunes filles, d'abord parce qu'elles sont plus belles, c'est évident, mais surtout parce qu'elles satisfont mon désir de pureté et de romantisme".

Naturalisé français en 1976, il s'installe à Paris et tourne moins, poursuivant son parcours accidenté entre succès ("Tess" en 1979), fiasco ("Pirates" en 1984) ou égarement érotico-triste ("Lunes de fiel" en 1992, avec sa compagne, Emmanuelle Seigner).

Roman Polanski revient au premier plan avec "The Ghost Writer", thriller mettant en scène un ex-Premier ministre britannique, sacré meilleur film aux Prix du cinéma européen et qui lui vaut l'Ours d'argent du meilleur réalisateur au Festival de Berlin.

Il a entamé fin janvier le tournage de l'adaptation d'une pièce de Yasmina Reza, "Le Dieu du carnage", avec Jodie Foster.

"Aux yeux de bien des gens, je passe pour une espèce de gnome et de débauché, mais mes amis - et les femmes de ma vie - savent à quoi s'en tenir", écrivait-il en 1984, dans son autobiographie intitulée "Roman".


PARIS (FRA), 25 fev 2011 (AFP)



23/04/2011
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