Le Filmographe

Senna le film, l'idole dévoilée aux passionnés

Mort lors du Grand Prix de San Marin 1994, Ayrton Senna, idole brésilienne fauchée au sommet de sa gloire, voit son portrait retracé lors d'un documentaire, en salles ce mercredi 25 mai, avant tout destiné aux fans de Formule 1.

 

L'histoire de Senna, passionnante tant la légende a marqué de son sceau l'histoire de la F1, y est retracée scrupuleusement. Sa naissance dans une famille aisée de Sao Paulo, ses débuts en karting, son arrivée en Europe, ses premiers succès en piste... Il n'attend que cinq courses pour montrer tout son talent au Grand Prix de Monaco 1984. La pluie, sous laquelle il se surpasse, lui permet de remonter de la 13e place sur la grille jusqu'à la tête de course. Mais l'épreuve est arrêtée et la victoire attribuée à Alain Prost pour des motifs réglementaires. La rivalité entre les deux géants est posée. Le temps pour Senna de gagner ses premiers GP chez Lotus (6 victoires de 1985 à 1987), il rejoint Prost chez McLaren. L'année 1988 verra les deux coéquipiers se livrer un mano a mano d'anthologie. A Monaco, encore une fois, le Brésilien a presque une minute d'avance sur le Français, 2e, quand il percute un mur. "Il ne voulait pas me battre, il voulait m'humilier. Et montrer qu'il était le plus fort, le meilleur. C'était son point faible", commentera Prost. "Ce jour-là, j'ai compris que je ne faisais pas que conduire, mais que j'étais dans une autre dimension", expliquera l'intéressé, sacré pour la première fois champion à la fin d'une saison que Prost et lui auront dominée de la tête et des épaules. Le jour de sa première couronne, Senna, presque mystique, comme le montre le film, prétend avoir "senti Dieu", l'avoir "visualisé". Le Brésil, qui voit en lui "l'une des rares choses qui peuvent rendre le pays fier", selon une passante, l'adoube comme héros national.

 

Une des faiblesses du documentaire, primé au festival du film indépendant de Sundance (Etats-Unis) en 2010, réside peut-être dans le manque de place laissé au phénomène Senna, idolâtré dans son pays, ce qui ne transparaît que subrepticement durant les 104 minutes du film. A l'inverse, les années de luttes sportives avec Alain Prost, les batailles à couteaux tirés entre les deux hommes, peu avares en petites phrases assassines, sont mises en scène de manière très efficaces. Prost, surnommé "Le professeur" pour sa capacité à calculer ses courses, y va de ses piques savoureuses : "J'ai eu envie de lui mettre mon poing dans la figure", observera-t-il après un énième accrochage. "Ayrton a un petit problème. Il pense qu'il ne peut pas se tuer parce qu'il croit en Dieu", déclarera encore le Français. Mais le mythe aux trois titres, 41 victoires et 65 pole positions, s'écrase contre un mur à San Marin en 1994. "Le Brésil a besoin de santé, d'éducation, de nourriture et de joie. La joie s'en est allée", se désole l'un de ses fans lors de ses obsèques nationales à Sao Paulo.



25/05/2011
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