Le Filmographe

"The Thing", hommage au film culte de John Carpenter

 

En explorant les événements ayant précédé l'histoire filmée par John Carpenter dans son film culte "The Thing" (1982), les studios Universal ont évité le piège du simple remake et livrent un "film-hommage" respectueux de l'original et convaincant dans ses choix.

 

Reprenant le titre de son illustre prédécesseur, "The Thing" (La chose), premier long métrage du réalisateur néerlandais Matthijs van Heijningen, sort mercredi sur les écrans français et vendredi dans les salles nord-américaines.

 

Il est toujours risqué de se frotter à des films cultes, et le réalisateur reconnaissait récemment, lors d'un entretien avec la presse à Los Angeles, qu'il avait ressenti une pression "effrayante" à l'idée de toucher au film.

 

"J'ai vu "The Thing" quand j'avais 17 ans, et j'avais adoré sa réflexion sur la paranoïa, mélangée à de la véritable horreur. Je n'ai jamais vu ça, de cette manière, dans un autre film", déclare-t-il.

 

Plutôt que de se risquer à un remake, les studios Universal ont préféré le "prequel" - terme utilisé à Hollywood pour décrire un film dérivé d'un autre et qui précède l'histoire originale, par opposition au "sequel" (une suite).

 

Le chef-d'oeuvre de John Carpenter, qui décrivait les ravages d'un monstre venu de l'espace dans une base américaine en Antarctique, s'y prêtait plutôt bien: le film faisait planer le mystère sur des événements survenus antérieurement sur une base norvégienne voisine.

 

Le réalisateur et son équipe ont donc imaginé ce qui s'était passé dans cette base, en s'inspirant le plus possible du film original.

 

"Nous avons inventé le film comme on reconstitue une scène de crime", explique le réalisateur. Dans l'original de John Carpenter, les Américains se rendaient brièvement sur la base norvégienne pour tenter de comprendre ce qui se passait sur leur propre base.

 

Ces quelques plans "ont constitué pour nous des indices de ce qui s'était passé et nous avons construit l'histoire autour d'eux", explique-t-il.

 

Pour le réalisateur, l'exercice du "prequel" était "contraignant quant à ces indices qu'il fallait respecter", mais aussi "très libre car l'histoire se passe dans un camp très différent, car européen", précise-t-il.

 

L'autre défi était de créer le personnage principal. "Au tout début, il était masculin. Mais à chaque fois que l'on pensait à un acteur, il était éclipsé par MacReady (le héros du film de Carpenter, interprété par Kurt Russell), il ne pouvait pas avoir une personnalité propre", dit-il.

 

"Donc on s'est éloigné de MacReady et on a choisi un personnage féminin", celui d'une jeune chercheuse américaine (Mary Elizabeth Winstead), invitée en Antarctique par un prestigieux professeur norvégien pour étudier une créature extra-terrestre trouvée dans la glace - qui s'avérera être "la chose".

 

Au-delà de l'aspect purement horrifique de l'histoire - le monstre, trente ans après l'original, est toujours aussi répugnant, et a même gagné en réalisme grâce aux effets spéciaux numériques -, ce qui a intéressé le cinéaste, c'est la réflexion sur la paranoïa.

 

Car la particularité du monstre est qu'il s'immisce dans le corps de sa victime, la détruit et la reproduit à l'identique. On ne sait donc jamais qui est possédé par "la chose" et qui ne l'est pas.Matthijs van Heijningen rappelle que "The Thing" était sorti en 1982, au moment de l'explosion du sida, et que "la chose" pouvait être vue comme une métaphore de la maladie et de la contagion. Une peur toujours d'actualité.

 

"Cela n'a pas beaucoup changé. Porter une maladie, un virus, ne pas savoir si vous êtes porteur ou non, si votre voisin est contaminé... C'est une paranoïa universelle", observe-t-il.


 

LOS ANGELES (USA), 11 oct 2011

 

 


 



11/10/2011
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